L’argent, n’en aurons-nous jamais assez ?
Avant-propos
Cet article questionne notre rapport à l’argent, en particulier celui d’une minorité qui en gagne assez mais qui pourtant continue à en vouloir toujours plus. La plupart des gens ayant à peine de quoi finir le mois, j’ai bien conscience que le terrain est glissant.
Mais mener cette réflexion me semble important car elle nous conduit à nous interroger sur la signification profonde de l’argent, chose que nous n’avons pas forcément l’habitude de faire, tant il est ancré dans notre quotidien depuis l’enfance, au point de nous sembler aussi naturel que l’air que nous respirons.
Certes, des événements importants dans nos vies nous amènent ponctuellement à réfléchir à la place que nous lui accordons : l’achat d’un bien immobilier, le choix d’un nouveau poste ou la naissance d’un enfant…
Mais ces réflexions restent souvent superficielles et ne résistent pas au tumulte du quotidien qui a tôt fait de les balayer. Personnellement, je ne suis parvenu à questionner mon propre rapport à l’argent qu’au prix d’une longue démarche d’introspection ayant d’abord commencé par mon parcours professionnel. Je voudrais en expliquer succinctement les grandes étapes dans ces avant-propos.
Tout commence mi-2020. À cette époque, je quitte l’écosystème des startups après l’avoir fréquenté pendant une dizaine d’années. Puisque cet article parle d’argent, soyons honnête : je l’avais rejoint bien sûr par passion pour l’entrepreneuriat, mais aussi dans l’idée que je pourrai m’enrichir rapidement. Dix ans plus tard, je n’étais pas devenu riche mais j’avais accumulé de quoi voir venir. Et surtout, devenir riche me semblait beaucoup moins important à l’approche de la quarantaine qu’à l’aube de la trentaine. Peut-être aussi parce qu’entre-temps j’avais eu trois enfants.
En outre, je n’étais plus aligné avec un modèle qui m’avait jusqu’alors semblé être une évidence pour assurer la relève des grandes réussites industrielles françaises. Je n’étais plus convaincu que le Next 40(1) prendrait un jour la relève du CAC 40. Le point de départ de ma réflexion, avant l’argent, a donc d’abord été le questionnement d’un modèle, celui des “startups”, dont la croissance était l’obsession en même temps que la cause de tous ses maux.
Mais c’est bien l’argent qui alimentait cette soif de croissance, puisque la valorisation de ces entreprises était directement liée à leur taille, et que toutes cherchaient à la maximiser pour satisfaire les fonds qui les finançaient et dont elles dépendaient, faute de rentabilité.
En parallèle de ces réflexions, je m’étais relancé dans l’entrepreneuriat en 2021 en empruntant une voie très différente du modèle startup, celle de l’autofinancement. Mon nouveau projet WILL, visant à réengager les salariés, me ramenait lui aussi à l’argent au fur et à mesure que j’avançais dans mes efforts pour comprendre l’origine du désengagement.
Ce qui m’étonnait le plus dans toutes mes recherches, c’est que chacun avait conscience des dangers à en faire une finalité, tout en y étant en général extrêmement dépendant. Par exemple, les gens qui réfléchissaient à rejoindre une nouvelle entreprise commençaient souvent par parler de la mission, des valeurs, mais à la fin, ils en revenaient presque toujours à des négociations sur le salaire, les parts…
Comment l’argent avait-il pris une telle importance dans nos vies, et en premier lieu dans la mienne ? Car même si je pointe aujourd’hui les limites de ce système, j’en ai fait partie pendant longtemps et j’en ai tiré de substantiels bénéfices.
En questionnant mon propre rapport à l’argent, et surtout en observant mes enfants qui grandissaient, j’ai d’abord été frappé de constater à quel point nous étions conditionnés dès l’enfance à faire de l’argent l’unité de mesure universelle de notions aussi complexes que la réussite ou le bonheur.
L’école et l’éducation posent les bases d’un système centré essentiellement autour de l’argent, dont l’influence ne fera que se renforcer tout au long de notre vie, notamment professionnelle. L’argent réduit la valeur d’un individu à un nombre, favorisant ainsi les comparaisons, qui à leur tour font naître un sentiment de frustration, celui de n’en avoir jamais assez.
Mais après tout, quel est le problème de courir après l’argent ? Chacun n’est-il pas libre de choisir ses chimères ? La question mérite d’être posée quand on voit à quel point notre modèle capitaliste, qui fait de l’argent la finalité, a conduit de nombreux agents économiques à prendre des décisions limitantes, que ce soit sur le plan humain, économique ou environnemental. La question du rapport à l’argent, qui peut dans un premier temps sembler relever de la sphère individuelle, revêt en fait une dimension systémique.
Chacun peut néanmoins agir à son échelle, en commençant par essayer de se détacher de l’incroyable fascination qu’il exerce sur nous. Mais comment faire ? Comment remettre en question les liens puissants que nous avons fini par établir entre l’argent et la valeur de notre travail ? Quelle finalité donner à notre travail si ce n’est plus l’argent ? Et quelle finalité donner à l’argent lui-même ? Pourquoi en vouloir toujours plus, surtout quand on en a déjà assez ? Mais comment savoir que nous en avons assez ? Cette dernière question est peut-être la plus importante, et tant que nous serons incapables d’y répondre, nous resterons prisonniers de cette fuite en avant perpétuelle. Comme le disait Einstein, “ l’argent est un nombre, et les nombres ne finissent jamais ”.
Bonne lecture !
1/ Un conditionnement à l’argent dès l’enfance
Pour bien comprendre l’importance qu’occupe l’argent dans nos vies, il faut commencer par se pencher sur l’enfance et prendre conscience que dès notre plus jeune âge, l’argent est mis au cœur de nos préoccupations. Deux leviers y contribuent particulièrement : les médias et l’école. Les premiers créent chez les enfants la croyance que l’argent fera leur bonheur pendant que le deuxième est présenté comme le moyen le plus sûr d’en gagner beaucoup, et donc d’être heureux.
Le conditionnement médiatique autour de l’argent
Je me suis toujours demandé pourquoi mon fils parlait autant d’argent alors que j’avais le sentiment d’évoquer assez peu le sujet en sa présence. En y réfléchissant, il est évident que je me mens : je lui en parle beaucoup plus que je ne le pense. Je réponds à ses questions quand il me demande le prix des choses, parfois même je le lui dis sans qu’il ne me le demande : “ Regarde, une Tesla, c’est une voiture super chère “.
Je ne suis pas le seul à lui parler d’argent. Commençons par ses lectures : depuis des années, il dévore Picsou dont l’obsession est de devenir le canard le plus riche du monde. Pas étonnant ensuite qu’il se passionne pour la bataille que se livrent Jeff Bezos et Elon Musk.
Vous vous dites peut-être que j’ai pris le “ pire “ exemple avec Picsou ? Prenons le manga One Piece, la série la plus vendue de l’histoire (plus de 500 millions). J’adore ce manga qui véhicule de nombreuses valeurs très positives. Mais à quoi se mesure la valeur de tous les pirates ? Au montant de la prime accordée pour leur capture, donc à l’argent. Et quelle est la quête du héros ? Un trésor, donc de l’argent.
Passons maintenant à ce qu’il regarde, et donc à YouTube. Selon une étude citée par le Figaro, 95% des vidéos destinées aux enfants sont accompagnées de publicités et la moitié contient des placements de produits. On ne parle donc plus directement d’argent, mais de marques, sachant que les enfants établissent très vite le lien entre les deux.
La musique les y aide aussi beaucoup. Voici quelques paroles de certaines de leurs chansons préférées que l’on reprend ensemble dans la voiture (à nouveau, je suis complice) : “ J’suis calé au George V, À la Ribéry j’mange des entrecôtes à mille cinq ” (La kiffance, Naps), ou “ Plus besoin d’aller chez Lacoste depuis qu’j’suis fait d’or et d’platine” (Bande Organisée), ou encore : “J’fume que d’la moulax, BG sur T-Max, Rétro gauche nique ma Rolex “ (La Moulaga, littéralement l’argent en argot, Heuss l’enfoiré et Jul). Les filles ne sont pas en reste : “Je vais chez Gucci, je vais chez Balmain, je finis chez Saint-Laurent” (Wejdene, Arrogante).
Si l’on revient 20 ans en arrière, les paroles des chansons de Laurie n’avaient pas grand chose à voir. NTM parlait aussi d’argent, mais pour dire que “ L’argent pourrit les gens ”. Nous ne sommes pas là pour porter un jugement de valeur sur les paroles des chansons actuelles ou dire que c’était mieux avant, mais plutôt pour constater qu’elles reflètent un changement profond dans la culture populaire des (très) jeunes, en seulement une génération.
Les enfants sont entourés par l’argent. Je les ai emmenés récemment dans un parc d’attractions où nous sommes tombés sur des pass coupe-file pour ne pas faire la queue. Évidemment ils me supplient d’acheter, et même si je refuse, le message est passé : l’argent permet aussi de s’affranchir de certaines règles.
Tout contribue donc dans l’environnement de nos enfants à faire de l’argent l’étalon de mesure de la réussite. La maxime “ L’argent fait le bonheur “ n’aura jamais semblé aussi pertinente. La seule question qui se pose alors pour eux, c’est comment en gagner un maximum ? Et c’est ici qu’entre en jeu un autre levier majeur de conditionnement : l’école.
L’argent, finalité de l’éducation ?
A priori, l’école pourrait apparaître comme l’un des rares endroits où les enfants n’entendent pas parler d’argent. Mais en y réfléchissant bien, il s’agit d’une pure illusion, le système éducatif agissant au contraire comme un puissant mécanisme de conditionnement.
Évidemment, on ne peut pas (encore) payer les enfants qui travaillent le mieux pour les récompenser, même si certaines banques offrent aux lauréats d’une mention “très bien” plusieurs centaines d’euros, contre quelques dizaines pour une mention “ bien “. Le message est clair : plus tu travailles bien, plus tu gagneras d’argent. Le système a su parfaitement s’adapter, en trouvant dans les notes un substitut plus moral à l’argent.
En tant que parents, nous contribuons aussi à alimenter ce phénomène, par exemple en récompensant les enfants ayant eu une bonne note ou un bon bulletin par un cadeau, donc par de l’argent. Nos discours sont aussi ponctués de phrases qui ancrent la réussite scolaire (mesurée par les bonnes notes) à l’argent : “ Si tu veux avoir un bon métier plus tard (sous-entendu un métier bien payé comme nous le verrons plus bas), il faut que tu travailles bien à l’école ”.
Même si ces phrases partent d’un bon sentiment, celui de faire prendre conscience à l’enfant qu’apprendre est important, lier l’apprentissage aux notes a un effet délétère sur sa motivation à apprendre prouvé par de multiples études. On pourrait citer le développement d’un esprit de compétition plutôt que de collaboration (est-ce que je l’ai battu ? Est ce que j’ai eu la manière note ?), ou le recours à un levier de motivation extrinsèque qui fait passer le plaisir d’apprendre derrière la satisfaction d’obtenir une bonne note.
Une expérience dans laquelle on sépare un groupe d’enfants en deux l’illustre bien : le premier groupe est payé pour tester un puzzle, tandis que le deuxième groupe a juste pour consigne de l’essayer. Au bout de trente minutes, on met fin au test. Le premier groupe cesse immédiatement de jouer au puzzle, tandis que le deuxième passe encore un long moment à jouer avec (je vous invite à lire le livre Punished by rewards de Alfie Kohn qui regorge d’exemples).
Plus on avance dans le système scolaire, plus la correspondance entre les notes et l’argent devient assumée.
Quand j’interviens dans des lycées via l’association 100 000 entrepreneurs afin de sensibiliser les jeunes à l’entrepreneuriat, beaucoup de leurs questions tournent autour de l’argent. Et quand je leur demande le métier qu’ils voudraient faire, une des réponses les plus fréquentes est influenceur, “ parce que ça rapporte beaucoup “.
Voici pour finir les premières lignes d’un communiqué publié par l’École Polytechnique sur le premier emploi de ses élèves : “En tête des classements des Écoles d’ingénieurs françaises d’excellence, l’X assure à ses élèves ingénieurs une rémunération moyenne brute de près de 45% supérieure à celle des autres Écoles d’ingénieurs”. N’y avait-il pas d’autres éléments à valoriser que le salaire en sortie d’école ? Par exemple l’épanouissement professionnel des diplômés ou l’impact de leur métier ? Le savoir serait-il devenu transactionnel ?
Il n’est donc pas étonnant que les enfants établissent très rapidement un lien entre la réussite scolaire, donc les notes, et la réussite sociale vantée par les médias, donc l’argent. Et qu’ils voient dans la première un moyen d’atteindre la deuxième. L’un des exemples les plus frappants à ce titre, c’est le changement qui s’opère sur les métiers qu’ils voudraient exercer : on passe de pompier, policier, professeur au début du primaire, à dentiste, avocat ou influenceur à la fin des années collèges.
2/ Le cercle vicieux du monde professionnel
L’argent, principal critère de choix de son métier
L’entrée dans la vie professionnelle place enfin l’individu au cœur du système régi par l’argent auquel il aura été conditionné pendant ses années d’étude. Comme on l’a vu, les élèves qui sortent d’école ont bien en tête les salaires auxquels ils peuvent prétendre. Si ce dernier est de 50K€ par an, en choisissant un métier payé 30K€ par an (ce qui représente déjà 2 fois le salaire médian français), il est difficile de ne pas penser qu’on ne maximise pas son diplôme, encore plus si l’on s’est endetté pour le financer…
Je me souviens à titre personnel avoir entendu des parents parler, sur le ton de l’humour, d’un de mes lointains cousins comme du “petit capital“ car ses études leur coutaient cher. C’était une boutade évidemment, qui partait d’une bonne intention, celle de dire qu’il se souciait de son avenir et qu’ils voulaient lui donner toutes les chances. Mais cela nourrit forcément dans l’inconscient la croyance que le diplôme doit apporter un retour sur investissement.
Selon une étude de l’observatoire Cegos, la rémunération est la raison première du travail pour 64% des jeunes. Ce sont donc les entreprises qui paient le plus qui vont attirer les meilleurs talents (au sens scolaire du terme) : banque, finance, conseil, barreau… À l’inverse, d’autres métiers peut-être plus utiles à la société auront toutes les peines du monde à recruter dans cette frange d’étudiants : enseignants, policiers, infirmières, chercheurs, thérapeutes… D’ailleurs, à quelques exceptions près, les étudiants ne les envisagent même pas au moment de choisir leur métier ! Ils ne rapportent pas assez par rapport à leur diplôme.
Alors que je viens à peine de commencer à travailler, je suis donc déjà largement conditionné par l’argent. Je me retrouve tout de suite avec une très bonne rémunération sur laquelle il sera difficile de revenir en arrière. Car gagner moins est en général perçu comme une régression dans notre société. Pensez aux parents qui sont nombreux à vouloir que leurs enfants réussissent mieux qu’eux, sous-entendu qu’ils gagnent plus. Toute mobilité devrait s’accompagner d’une augmentation de salaire. Mais plus je gagne d’argent, plus j’ai besoin d’en gagner, c’est la spirale infernale.
Vous vous dites que ça ne vous concerne pas, que vous ne travaillez pas (avant tout) pour l’argent ? Dans ce cas je vous pose la question suivante : si vous n’aviez plus besoin d’argent, continueriez-vous à exercer votre métier actuel ? Allons même un cran plus loin : si tous les métiers étaient rémunérés de la même manière, lequel choisiriez vous ? Sur quels critères vous baseriez-vous pour choisir un métier si l’argent n’en était plus un ? Pour l’instant, il éclipse tous les autres critères. Même quand on dit que ce n’est est pas un, c’est en général à plus ou moins 15% du salaire de référence (l’actuel). Ce qui, quand on gagne bien sa vie, exclut de très nombreux métiers moins bien payés !
En parallèle, le travail de sape des médias consistant à associer réussite et argent entamé dans l’enfance se poursuit dans la vie adulte. Quand ils parlent d’entrepreneurs à succès, ils évoquent les montants auxquels ils ont revendu leur société, ou l’augmentation de son cours de bourse sous leur mandat. Mais résumer la réussite d’un entrepreneur et de son entreprise à sa valorisation financière est une simplification qui peut reléguer au second plan d’autres enjeux tout aussi importants : écologique, humain ou éthique. Quid si pour atteindre cette profitabilité record il a fallu déforester des centaines de milliers d’hectares de forêt ? Pousser des dizaines de personnes au burn-out ? Corrompre des dirigeants pour s’octroyer des marchés ?
L’argent a réduit la valeur d’un individu à un nombre.
La prison dorée
Reprenons le cours de notre histoire. Je viens de rentrer dans la vie professionnelle avec un (très) bon salaire. Rapidement, je m’endette pour acheter un appartement. Plus je travaille pour rembourser les traites, moins j’ai de temps pour gérer ma vie personnelle : je commence à externaliser certaines des tâches les plus triviales, comme par exemple le ménage ou la cuisine (en allant au restaurant).
Je suis promu. Mes premiers enfants arrivent. J’achète un appartement plus grand, j’ajoute des étoiles aux restaurants que je fréquente. Parce que je travaille de plus en plus, j’externalise maintenant des tâches beaucoup plus importantes de ma vie, notamment l’éducation de mes enfants que je confie en grande partie à des nounous. Si je gagne plus, je pourrai même les envoyer à l’étranger pour qu’ils apprennent l’anglais, ou leur payer des professeurs particuliers pour qu’ils soient encore meilleurs à l’école. Me vient-il seulement à l’esprit que je pourrais être celui qui leur donne ces cours ?
Alors que pour beaucoup de gens l’argent est synonyme de liberté, la réalité semble plus nuancée. Il arrive qu’en grimpant dans l’organisation, le travail perde en intérêt. Certes, mon égo est nourri par de plus grandes responsabilités (donc plus de stress), des gens plus nombreux à gérer… Mais je ne fais presque plus rien, je fais faire aux autres, mon métier se vide de sens, d’autant que les secteurs qui paient le plus sont rarement ceux qui contribuent le plus au développement harmonieux de nos sociétés (luxe, pétrole, finance…). Mais je dois désormais assumer un train de vie auquel je me suis habitué, auquel ma famille s’est habituée.
J’ai conscience que mon métier n’est pas en lien avec mes valeurs profondes, ce qui crée en moi une dissonance de plus en plus forte. J’essaie de me convaincre que j’ai fait le bon choix. Je sens qu’il suscite une certaine forme d’admiration parmi les gens — riches — que je fréquente : mon entreprise est prestigieuse, j’ai un poste de direction, un salaire élevé… Si jamais j’évoque des doutes, ils m’assurent que j’ai fait le bon choix, probablement autant pour se convaincre eux-mêmes que pour me rassurer.
Le pire, c’est qu’il y a toujours parmi ces gens que je fréquente des personnes qui gagnent plus que moi, voire beaucoup plus. Un sentiment de frustration m’envahit. Je me dis que je pourrais gagner plus, voire même que je devrais gagner plus…
C’est l’avantage des nombres, et donc du salaire : ils sont faciles à comparer. La seule condition, c’est de connaître le salaire des autres, qui constitue d’ailleurs peut-être le dernier véritable tabou de notre société. Peut-être car ceux qui l’estiment trop bas ont honte, tandis que ceux qui l’estiment trop haut sont gênés…
Cela n’empêche pas ceux qui en gagnent suffisamment d’en parler de manière indirecte, en publiant des photos à même de faire comprendre le train de vie qu’ils mènent : un restaurant gastronomique, l’étiquette d’un grand cru, la vue d’un sommet enneigé, une plage paradisiaque à l’autre bout du monde, des marques de luxe savamment distillées autour du poignet ou du cou… Finalement, ce n’est pas si différent des paroles des chansons citées dans la première partie de cet article. La boucle est bouclée. La seule chose qu’on ne poste pas encore, c’est sa fiche de paie.
En attendant, je me sens de plus en plus prisonnier de mon métier qui prend des allures de prison dorée. Je me cherche des excuses pour justifier que je reste. Je me dis que j’achète mon indépendance. Je me dis que dans 10 ans, je travaillerai pour autre chose que l’argent, même si à force, ça fait bientôt 10 ans que je me le dis. Plus les années passent, et plus j’entends des histoires de cancer foudroyant, d’AVC… Est-ce que je serai toujours là dans 10 ans pour profiter de cet argent ?
Et si j’étais autre chose qu’un nombre ?
Le poids du capitalisme
Encore une fois, le conditionnement autour de l’argent est tellement fort, sa place dans la société tellement ancrée, son poids dans les hiérarchies sociales tellement important, qu’il devient difficile d’imaginer un monde qui ne soit pas régi que par l’argent.
D’autant qu’à la pression sociale s’ajoute l’hégémonie actuelle du capitalisme en tant que modèle de développement, encore plus depuis la chute du communisme. Or quelle est la finalité du capitalisme si ce n’est… L’argent ?
On a cru que la poursuite du profit conduirait naturellement à une meilleure allocation des ressources pour la société selon le principe de la main invisible. Mais après plusieurs siècles, n’est-il pas légitime de le questionner quand 1% de la population mondiale concentre plus de 50% des richesses, un niveau d’inégalité jamais atteint dans l’histoire de l’humanité (source Oxfam) ? La plupart des gens des pays occidentaux ont assez d’argent, quelques-uns en ont beaucoup trop, tandis que la majeure partie des habitants du globe en manque cruellement. Le capitalisme est-il vraiment le meilleur modèle possible ?
En donnant une telle importance à l’argent, il a fini par faire de toute relation humaine une transaction, comme le montre la financiarisation croissante de multiples services que l’on se rendait historiquement gratuitement (prêter un logement, soigner ou garder quelqu’un, aller chercher des courses…). Sans parler de la dimension écologique apparue plus récemment, le capitalisme étant en train de détruire la biosphère pour répondre à son besoin sans fin de croissance et de rentabilité.
Un autre modèle est-il possible ? Beaucoup de gens ne se posent même pas la question, tant il apparaît aujourd’hui comme un évidence. Pourtant, il a existé dans l’histoire des modèles alternatifs qui pourraient, à défaut de nous inspirer, nous questionner. Les “Dialogues avec un sauvage” du baron Lahontan, publié à la fin du XVIIième siècle, sont à ce titre particulièrement éclairants. Ils relatent les discussions entre un noble français (Lahontan) en exil au Canada et le chef d’une tribu de Hurons appelé Le Rat, a priori doté d’une incroyable sagesse et d’une très grande sagacité. Ce livre a influencé tous les philosophes des Lumières.
Parmi les différents sujets abordés, comme la religion, les lois ou la santé, il y a bien évidemment l’argent qui est pour lui à la source de tous les maux des occidentaux. Il fait remarquer à Lahontan que bien que ces derniers se déclarent libres et égaux, ils se comportent systématiquement en subordonnés face à des hommes plus riches. Le Rat fait aussi remarquer que tous les indigènes ayant vécu plusieurs années parmi les occidentaux ont voulu revenir dans leur tribu quand ils ont pu, mais qu’à l’inverse, aucun des occidentaux ayant vécu avec les indigènes n’a voulu retourner dans son monde “ civilisé ”.
Le but n’est pas de dire que nous devrions vivre comme les Hurons de la fin du XVIIième siècle. Cela démontre simplement la possibilité qu’un modèle ne reposant pas avant tout sur l’argent (qui n’existait pas dans les sociétés primitives comme celles des Hurons même s’il y avait des mécanismes monétaires permettant notamment les échanges commerciaux) puisse apporter un épanouissement supérieur à un modèle reposant essentiellement sur l’argent.
Alors certains diront que c’est bien beau mais qu’à la fin, ce sont les européens, forts de leur supériorité technologique, qui ont eu le dessus. Et tout n’est pas non plus à jeter dans le capitalisme qui a notamment permis des progrès incroyables, l’avènement de la démocratie ou le développement des libertés individuelles. Mais doit-on pour autant s’interdire de l’améliorer en réfléchissant à ce qui se fait de mieux dans d’autres modèles ?
Si le capitalisme a réussi à s’imposer de manière totale dans notre société, c’est aussi parce qu’il nourrit certaines des pulsions les plus fortes des individus, notamment celle de vouloir toujours plus d’argent, comme nous l’avons vu plus haut. D’où peut-être la vraie question à se poser individuellement pour changer le cours des choses : quand en avons-nous assez (d’argent) ?
3/ Ne plus être fasciné par l’argent
Pour le savoir, il faut d’abord prendre conscience que l’argent que nous dépensons n’est rien d’autre que du temps passé à le gagner. Est-ce que nos dépenses valent vraiment le temps que nous avons passé à les financer ? Comment le savoir ? Tout simplement en devenant pleinement conscient de la manière dont nous le dépensons, pour comprendre ce qu’il nourrit chez nous. Car l’argent ne constitue jamais une finalité, il est toujours un moyen, mais de quoi ? De nous offrir de la liberté ? De la sécurité ? De l’estime ? Pour le savoir, nous devons être au clair sur nos leviers profonds de motivation.
En faisant cet effort de conscientisation, nous nous apercevrons peut-être qu’un certain nombre de nos dépenses ne sont pas nécessaires, ni alignées avec nos motivations profondes, ou que le temps que nous avons passé à les financer aurait pu être utilisé de manière plus satisfaisante pour nous. Alors, peut-être que nos dépenses diminueront naturellement, en même temps que cette croyance qu’il nous faut gagner toujours plus d’argent.
Nous en arriverons peut-être à la conclusion que nous n’avons pas besoin de gagner autant que ce que nous l’imaginons, ce qui nous donnera peut-être la liberté de choisir un travail qui ne fasse pas que maximiser nos revenus, mais qui puisse aussi nourrir nos leviers de motivation profonds.
Ce qui suit est en partie inspiré par la lecture du livre Your money or your life, de Joe Dominguez et Vicki Robin, notamment les questions permettant de conscientiser vos dépenses. Je vous recommande vivement la lecture de cet ouvrage.
L’argent, reflet de nos leviers de motivation profonds
Nous parlons de l’argent depuis le début de l’article sans vraiment l’avoir défini. Qu’est-ce que l’argent ? S’agit-il d’un moyen de stocker de la valeur ? D’une manière de mesurer la valeur des objets ? Voire des humains ? Un support permettant les échanges commerciaux ? En vérité, l’argent c’est du temps. Le vôtre. Pour chaque euro que vous avez accumulé, il vous a fallu passer du temps pour le gagner à travers un salaire. Or, le temps est la ressource la plus précieuse de l’être humain. Vous pouvez mettre de l’argent de côté pour plus tard, mais le temps que vous avez passé à le gagner est définitivement perdu. Et dans la majorité des cas, nous n’épargnons pas, l’argent gagné étant vite dépensé. D’où cette question fondamentale : vos dépenses valent-elles le temps passé à gagner ce qu’elles vous ont coûté ?
Une bonne manière d’y répondre, c’est de connaître le prix d’une heure de votre temps. Car même si le temps est aussi précieux pour chaque être humain, il n’a pas la même valeur monétaire car nous ne touchons pas tous le même salaire. Pour la déterminer, il faut calculer combien vaut une heure de votre temps. Avant de simplement diviser votre salaire par le nombre d’heures travaillées, il faut inclure les temps cachés, comme les trajets ou les soirées consacrées au travail, ainsi que les coûts cachés, par exemple les tenues professionnelles. À la fin, vous saurez combien coûte une heure de votre vie. Et vous pourrez mettre en perspective une dépense avec le temps qu’elle vous aura coûté. Par exemple, ce forfait au ski de 4H à 50€ pendant lequel vous avez passé la moitié du temps à faire la queue en valait-il vraiment la peine ? D’autant qu’à cette dépense, il faut probablement ajouter la location du matériel, le coût du trajet, éventuellement peut-être une nuitée…
Admettons que votre demi-journée de ski se soit merveilleusement passée. La deuxième question à vous poser, c’est de savoir si cette dépense correspond à vos leviers profonds de motivation. Peut-être que la sensation de glisse vous a procuré un sentiment de bien-être, que la montagne a nourri votre besoin de nature et de liberté. Mais peut-être aussi que l’empreinte carbone de toutes ces remontées ou l’usage intensif de l’eau pour les canons à neige ne sont pas en phase avec vos valeurs écologiques ? Et ces centaines de kilomètres pour venir ? Vous n’êtes pas obligé d’arrêter de skier, mais cette mini-introspection vous fera réfléchir. Peut-être abandonnerez-vous certaines dépenses, peut-être en modifierez-vous d’autres, par exemple en vous mettant au ski de randonnée ? Elle vous questionnera aussi sur ce qui est vraiment important pour vous dans la vie, à savoir vos leviers de motivation profonds (en complément de la courbe d’épanouissement, un outil de la méthode WILL permettant de les identifier).
Il reste une dernière question à vous poser par rapport à toutes ces dépenses, une question qui vous montrera que vous n’avez peut-être pas besoin d’autant d’argent que vous ne l’imaginez.
En avoir enfin assez (d’argent)
Cette troisième question consiste à vous demander si cette dépense existerait toujours si vous ne travailliez plus. L’exemple typique, c’est la garde d’enfants ou le ménage. Si vous n’aviez plus d’emploi, il est probable que vous le feriez vous même. La question n’est pas de savoir si vous en avez envie, mais plutôt de prendre conscience que le montant “ incompressible ” de vos dépenses courantes est peut-être moins élevé que vous ne l’imaginez, et de casser ainsi la croyance très forte du “ Je ne peux pas gagner moins “. On se rend compte que de nombreuses dépenses pourraient être supprimées si l’on gagnait moins ou que l’on avait plus de temps (souvent les deux sont liés).
Le télétravail permet d’habiter dans des zones où les loyers sont beaucoup moins élevés, du temps libre permet d’organiser des activités pour ses enfants plutôt que de les envoyer en stage, de faire du soutien plutôt que de payer des professeurs particuliers, de cuisiner plutôt que d’aller au restaurant, de faire un jeu de société plutôt que d’aller dans un parc d’attractions… Tout en créant souvent plus de liens. Cela suppose évidemment de gros changements dans votre vie, notamment des efforts de créativité pour imaginer ces activités, ce qui n’est pas aussi simple que d’acheter une prestation de service sur internet. Peut-être n’êtes-vous pas prêt à les faire, mais au moins vous avez conscience qu’une autre vie est possible, vous n’avez plus le sentiment d’être prisonnier de la vôtre.
Peut-être qu’en vous posant régulièrement ces trois questions, vous conserverez votre vie actuelle mais que vos dépenses baisseront de manière drastique. Peut-être que vous pourrez épargner, alors que jusqu’à présent vous aviez beaucoup de mal à mettre de côté, même avec un salaire confortable, pour la simple raison que comme la plupart des gens, vous n’envisagiez qu’une seule manière d’épargner plus : augmenter vos revenus, avec le risque évoqué plus haut d’alimenter la spirale infernale du toujours plus.
Peut-être qu’à la fin, vous aurez suffisamment mis de côté pour envisager un changement de carrière profond avec un matelas vous permettant de vous retourner si jamais cela tournait mal.
Ce qui nous amène à la dernière partie de cet article : à quoi sert un travail qui ne doit plus forcément maximiser un salaire ?
Et si le travail ne devait plus forcément maximiser un salaire ?
Souvenez-vous de la question posée au début de cet article : “ Continueriez-vous d’exercer votre métier actuel si vous n’aviez plus besoin d’argent ? “. Peut-être vous avait-elle semblé purement théorique et que vous vous étiez dit qu’elle ne vous concernait pas. Mais imaginez que vous ayez réussi à faire baisser vos dépenses grâce à ce qui a été présenté plus haut, et que vous n’ayez plus besoin d’autant d’argent pour vivre. De très nombreux métiers que vous n’envisagiez même pas, car trop peu rémunérateurs, pourraient désormais vous permettre de subvenir à vos besoins. On en revient à la seconde question : “ Si l’argent n’était plus un critère de choix pour vous, quel métier exerceriez-vous ? ” Probablement un métier qui viendrait nourrir vos valeurs profondes, comme vous le faites peut-être déjà sur votre temps personnel à travers du bénévolat ?
Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’il faille utiliser un mot différent pour désigner le fait de travailler gratuitement, comme si une activité dont l’individu tirerait uniquement de la satisfaction ne saurait constituer un travail. Pour information, il y a 13 millions de bénévoles en France, un comble quand on sait que certaines entreprises ont les pires difficultés à recruter alors qu’elles versent un salaire conséquent à leurs salariés !
Si l’on continue à s’intéresser aux mots, l’étymologie latine du mot travail, sûrement l’une des plus connues des élèves, serait “ Tripalium “ (torture). Forcément cela n’incite pas à voir son travail comme une potentielle source d’épanouissement. Mais de nombreux étymologistes la contestent aujourd’hui, et lui préfèrent plutôt celle du suffixe “ tra “ (traverser, transformer…) pour évoquer une notion de changement et du radical “ val “ qui indique lui la notion de déplacement (cf “ travel “ en anglais signifiant voyager).
Réfléchissez au changement profond de paradigme qu’entraîne la question suivante : “ Et si votre travail n’était plus une torture que vous accepteriez de subir pour de l’argent, mais plutôt une activité que vous choisiriez pour assouvir une de vos passions, que ce soit le sport, la nature ou l’art ? ” Et ceci tout en étant payé !
Conclusion
J’entends de plus en plus de gens dans mon entourage remonter le besoin de redonner du sens à leur travail. C’est probablement lié au passage de la quarantaine, au processus d’individuation dont parle Jung (la fameuse crise de milieu de vie). Mais trop souvent, cette envie est suivie d’un constat d’impuissance, les gens se disant que cela impliquerait des changements ayant un impact trop fort sur leur confort de vie. Et je le comprends tout à fait.
Mais peut-on vraiment parler de confort de vie si l’on est désaligné avec un travail qui occupe la majeure partie de notre vie ? Si l’on est miné par la dégradation progressive de nos services publics ou par le dérèglement climatique et que, faute d’un salaire suffisant, l’on s’interdit d’exercer les métiers qui nous permettraient d’agir sur ces différents sujets ?
Réussir à se détacher de l’argent permettrait non seulement de rediriger des talents pouvant avoir un fort impact vers des secteurs qui en ont besoin, mais aussi de redonner un sens profond à leur quotidien.
C’est loin d’être facile. Je terminerais cet article en partageant très brièvement ma propre expérience par rapport à cet enjeu. Quand j’ai quitté mon dernier poste en 2020, la première étape a été de réfléchir à ce que je voulais faire. Je savais que je voulais donner plus de sens à mon travail, mais je ne savais pas comment. Cette période de transition est un moment crucial pour prendre du recul et se poser les bonnes questions. Le danger, c’est que si vous êtes sur des métiers pénuriques, vous êtes rapidement sollicité par des recruteurs qui vous proposent des postes statutaires et bien payés. Il est tentant de répondre à leurs offres par la positive, et de se précipiter sur un nouvel emploi sans avoir eu le temps de faire cet effort d’introspection.
Comme j’avais pu mettre de l’argent de côté, j’ai eu le luxe de pouvoir prendre mon temps. Mais comment faire quand ce n’est pas le cas et qu’il faut vite trouver un nouvel emploi pour rembourser son crédit ? Je pense qu’en appliquant la méthode décrite dans la troisième partie, on peut faire baisser son train de vie pour épargner de manière “organique” et se donner le temps de réfléchir. Il faut par contre l’anticiper.
Ensuite, j’ai aussi accepté de naviguer dans l’incertitude pendant plus d’un an sur mon nouveau projet. C’est une situation qui n’est pas toujours confortable, l’échec n’est jamais loin, le doute est toujours présent. Mais trouver le bon “emploi” demande beaucoup d’itérations, de tests, et donc d’échecs… L’entrepreneuriat le permet. Au bout d’un an, j’ai réussi à trouver une mission qui m’inspirait vraiment, une organisation qui me convenait, et un modèle économique qui me permettait d’en vivre.
Comment faire dans le cas d’un emploi salarié ? Travailler en tant que freelance pour une entreprise me semble être une bonne solution. Je sais qu’il existe des périodes d’essai, mais ça ne résout pas le problème fondamental de la dissymétrie d’informations lors du recrutement, qui est un jeu de poker menteur où l’entreprise et le candidat se disent ce qu’ils pensent que l’autre a envie d’entendre. Et même si vous pouvez partir à l’issue des 6 mois, vous aurez quand même “perdu” une demi année de votre vie.
Enfin, j’ai aussi accepté de me détacher du regard des autres. Cela a été plus difficile que je ne l’imaginais. Quand les gens de mon entourage me demandaient comment avançait WILL, ils me posaient souvent des questions comme : vous êtes combien ? Quel chiffre d’affaires ? Quels sont vos clients ? Or, j’ai longtemps été seul, sans gros clients, avec un chiffre d’affaires modeste. Je sentais le scepticisme chez certains. Mais le projet m’enthousiasmait, et les retours des premiers clients étaient extraordinaires. Je sentais que j’allais dans la bonne direction, même si cette direction ne suivait pas les critères habituels. Quand je disais que le projet avait pivoté vers de la formation, ils me demandaient qui animait les formations. Et quand je répondais que c’était moi, je sentais aussi de l’étonnement dans leur regard, comme si animer une formation était une activité pas assez “ bien “ par rapport à mon parcours. Pourtant, non seulement j’adore animer, mais c’est aussi loin d’être facile !
Aujourd’hui, je gagne beaucoup moins qu’avant, mais je n’ai jamais été aussi heureux de me lever pour aller travailler. Et pour l’instant, c’est un équilibre qui me convient parfaitement. Peut-être que ça ne sera plus le cas dans quelques temps, nous verrons bien. Mais pour l’instant, je vis dans le moment présent sans me poser de questions et je savoure.
Merci d’avoir pris le temps de lire cet article jusqu’au bout ! Si vous souhaitez rester informé des prochains articles, n’hésitez pas à vous abonner la Newsletter “Opale is the new black”, dont en général deux éditions paraissent chaque année. Si vous voulez en savoir plus sur WILL, je vous invite à lire le roman de management “La méthode WILL” disponible pour l’instant uniquement sur Amazon.
Notes
(1) Le Next 40 est un label créé en 2019 par le président Macron pour donner de la visibilité aux 40 startups les plus prometteuses de la FrenchTech, comme une sorte d’antichambre du CAC 40.